L’Union européenne a suspendu ses consultations militaires avec le Rwanda et exigé le retrait immédiat de ses troupes de la République démocratique du Congo (RDC). Kaja Kallas, haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, a également annoncé la réévaluation de l’accord minier entre Bruxelles et Kigali.
Lors d’une réunion du Conseil des affaires étrangères à Bruxelles, Kallas a exprimé la gravité de la situation en RDC, craignant une escalade régionale. Elle a réaffirmé le soutien de l’UE aux processus de paix de Luanda et de Nairobi. Parmi les mesures adoptées, l’UE a suspendu les discussions sur la défense avec le Rwanda et envisagera des sanctions en fonction de l’évolution du terrain.
Ces décisions interviennent après une résolution du Parlement européen du 13 février, appelant à la suspension immédiate de l’accord de février 2024 entre l’UE et le Rwanda sur les matières premières critiques. Le Parlement avait aussi recommandé la suspension de l’aide budgétaire et militaire au Rwanda pour éviter de financer indirectement les opérations militaires dans l’est de la RDC.
Accusations contre Kigali et enjeux miniers
Kinshasa accuse Kigali de soutenir le groupe rebelle du M23 pour exploiter illégalement les ressources minières congolaises. Le président congolais Félix Tshisekedi avait déjà dénoncé l’accord minier UE-Rwanda, affirmant qu’il permettait au Rwanda d’exporter des minerais pillés en RDC.
Le M23, formé en 2012, a été défait en 2013 avant de reprendre les armes en 2022, occupant plusieurs localités stratégiques. L’ONU a confirmé un soutien militaire rwandais aux rebelles, bien que Kigali rejette ces allégations et assure avoir désarmé d’anciens combattants du M23.
Crise humanitaire et instabilité régionale
Les combats ont provoqué une catastrophe humanitaire : plus de 3 000 morts, 2 880 blessés et 500 000 déplacés depuis le 26 janvier, s’ajoutant aux 6,4 millions de déplacés internes. Les violences ont aussi coûté la vie à 20 Casques bleus de la Monusco, dont 14 Sud-Africains.
Les processus diplomatiques de Luanda et Nairobi peinent à trouver une solution. La RDC refuse toute négociation avec le M23, qu’elle considère comme une organisation terroriste. L’UE, en durcissant sa position, espère faire pression sur le Rwanda pour éviter une escalade régionale.