Le président nigérian Bola Tinubu a placé la réalisation du gazoduc Nigéria-Maroc au cœur de sa politique énergétique. D’un coût estimé à 25 milliards de dollars, ce projet ambitieux de 5 660 kilomètres est destiné à transformer la dynamique énergétique et économique de l’Afrique de l’Ouest. C’est ce qu’a révélé le sénateur Jimoh Ibrahim mercredi, à l’occasion d’une session de l’Union parlementaire africaine (UPA) tenue à Casablanca. Le pipeline traversera 13 pays entre le Nigeria et le Maroc, avec pour objectif de transporter jusqu’à 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an. Le tracé couvre des États stratégiques comme le Bénin, le Ghana, la Côte d’Ivoire ou encore le Sénégal, et permettra d’alimenter près de 400 millions de personnes. Le Maroc accueillera à lui seul plus de 1 600 kilomètres de conduites. Ce projet vise à répondre à la demande croissante en énergie, tout en soutenant l’industrialisation et le développement numérique de la région. Il est également porteur de milliers d’emplois à travers les pays traversés. Le président Tinubu, désireux d’accélérer sa mise en œuvre, a ordonné l’audit de plusieurs projets énergétiques en sommeil afin d’éviter toute redondance ou blocage. De son côté, la ministre marocaine de la Transition énergétique, Leila Benali, a assuré que les études de faisabilité et d’ingénierie sont achevées et que le tracé a été validé. Une société conjointe entre Rabat et Abuja est en cours de création pour piloter la décision finale d’investissement, attendue d’ici fin 2025. En parallèle, le Maroc a lancé un appel d’offres pour construire une infrastructure gazière nationale, destinée à s’interconnecter au futur gazoduc via les villes de Nador, Kénitra, Mohammedia et Dakhla. Le projet bénéficie du soutien d’institutions internationales telles que la Banque européenne d’investissement, la Banque islamique de développement, le Fonds de l’OPEP, ainsi que les Émirats arabes unis. Le groupe chinois Jingye Steel fournira les conduites nécessaires. Les États-Unis ont également manifesté leur intérêt pour ce projet, motivés par les importantes réserves gazières nigérianes. Lancé après la visite d’État du roi Mohammed VI à Abuja en 2016, ce projet stratégique devait initialement franchir le cap de l’investissement dès 2023. Sa complexité technique et géopolitique a repoussé cette échéance à 2025. Mais la volonté politique affichée à Abuja comme à Rabat pourrait bien accélérer son aboutissement.