La région du Darfour, au Soudan, connaît une aggravation rapide de l’épidémie de choléra, alors que la guerre a presque anéanti les infrastructures sanitaires, privant la population de soins et de prévention. Selon la Coordination soudanaise pour les réfugiés et les déplacés, 8 569 infections et 361 décès ont été recensés mercredi, touchant principalement les femmes et les enfants.

Les camps de déplacés et les villes assiégées sont particulièrement affectés. Tawila, dans le Darfour du Nord, dénombre 4 850 cas, tandis que Golo, dans le Jebel Marra, enregistre 1 290 infections. Le camp de Kalma compte 435 cas et 64 décès, avec plusieurs dizaines d’autres dans les camps d’Otash et environs. Les patients doivent parfois marcher de deux à huit heures pour atteindre les rares centres d’isolement encore opérationnels, dans un contexte de pénurie aiguë de médicaments.

Le conflit entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide paramilitaires (FSR), qui dure depuis trois ans, a détruit la plupart des hôpitaux et des services de santé. Les traitements essentiels contre le choléra, comme les solutions de réhydratation orale et intraveineuse, sont quasiment introuvables, malgré les appels internationaux pour faciliter l’acheminement de l’aide médicale.

À l’échelle nationale, le ministère de la Santé a recensé 102 831 infections et 2 561 décès depuis le début de l’épidémie en août 2024. Médecins Sans Frontières (MSF) rapporte 40 morts dans le Darfour en une seule semaine début août et alerte sur l’extension de l’épidémie au-delà des camps de déplacés.

L’Organisation mondiale de la Santé confirme des cas dans les 18 États soudanais, tandis que l’ONU signale des flambées simultanées de rougeole et de paludisme, notamment à Tawila et à El-Fasher. Dans cette dernière, seule une partie de l’hôpital fonctionne et les médicaments pour maladies chroniques manquent.

La crise humanitaire s’inscrit dans un contexte de guerre prolongée ayant fait plus de 20 000 morts et 14 millions de déplacés. Des estimations universitaires américaines situent le nombre réel de décès à environ 130 000, soulignant l’ampleur dramatique de la catastrophe.