Le président malgache Andry Rajoelina a affirmé avoir été la cible d’une « tentative d’assassinat » et d’un « coup d’État », dans une allocution diffusée lundi soir 13 octobre depuis l’étranger, sans préciser le pays où il se trouve. Son discours, attendu sur la télévision nationale, a finalement été retransmis en direct sur la page Facebook de la Présidence.
Alors que de nombreux observateurs s’attendaient à une annonce de démission, le chef de l’État a tenu à réaffirmer qu’il restait aux commandes du pays. Il a mis en garde contre toute rupture institutionnelle, soulignant qu’un vide constitutionnel risquerait d’entraîner la suspension de 56 projets financés par la Banque mondiale, ainsi que de plusieurs programmes sociaux en cours à Madagascar.
Revenant sur les affrontements du samedi 11 octobre entre des unités de l’armée, Rajoelina a indiqué que des militaires du CAPSAT avaient prévu d’occuper le palais d’Ambohitsorohitra avant que la sécurité présidentielle ne déjoue leur plan. Il a précisé que des officiers supérieurs lui avaient conseillé de se réfugier dans un lieu sûr pour protéger sa vie. « J’ai dû rejoindre un endroit sécurisé pour ma sécurité personnelle. Je reste mobilisé pour résoudre les problèmes énergétiques qui affectent notre pays », a-t-il déclaré.
Dans le même message, le président a annoncé une mesure de « grand pardon » à travers la signature d’un décret de grâce présidentielle. Cette décision concerne huit prisonniers, dont deux ressortissants français impliqués dans l’affaire dite « Apollo 21 », une tentative présumée de coup d’État contre son régime en 2021.
Andry Rajoelina a également appelé au dialogue et à l’apaisement, autorisant de nouveau les manifestations sur la place du 13 Mai et annonçant la levée du couvre-feu à l’échelle nationale. « La paix et l’unité doivent primer sur toute ambition personnelle », a-t-il insisté.
Depuis le 25 septembre, Madagascar traverse une crise politique majeure marquée par les manifestations du mouvement de la Génération Z, soutenu par une partie des forces armées. Les protestataires réclament la démission du chef de l’État, qu’ils accusent de dérive autoritaire et de mauvaise gouvernance. L’intervention de Rajoelina vise donc à reprendre la main face à une contestation grandissante et à des divisions internes au sein de l’armée.