Depuis plusieurs jours, une série de déclarations publiques se multiplie dans plusieurs villes du pays notamment à Parakou, Savè, Ouèssè et Nikki. Présentées comme des messages de « sages » adressés à la Cour constitutionnelle, ces prises de position appellent les juges à rendre une décision favorable au parti LD dans un dossier en cours. Mais selon de nombreuses sources locales, ces initiatives ne seraient pas aussi spontanées qu’elles en ont l’air.

Des militants déguisés en “sages”

Derrière les visages présentés comme neutres et respectés, plusieurs témoins affirment reconnaître des militants actifs du parti LD, parfois même des responsables locaux. Les discours prononcés lors de ces déclarations reprennent d’ailleurs les mêmes arguments et le même vocabulaire, preuve d’une coordination évidente.
À Parakou comme à Savè, les propos sont identiques : louer le rôle du parti dans la vie politique nationale et exhorter la Cour à “rendre justice”. Une stratégie de communication bien huilée, qui tend à faire passer un message partisan sous couvert de parole communautaire.

Une opération d’influence déguisée

Ce type d’action n’est pas anodin. En multipliant les appels publics à la Cour constitutionnelle, le parti LD semble vouloir façonner un climat d’opinion en sa faveur et exercer une pression indirecte sur les juges.
Les observateurs y voient une forme de manipulation politique qui vise à faire croire à une mobilisation populaire spontanée, alors qu’il s’agirait d’une campagne orchestrée depuis les instances du parti. “C’est une manière subtile d’influencer la décision de la Cour sans le dire ouvertement”, confie un acteur de la société civile contacté par notre rédaction. “Mais dans une démocratie, ce genre de manœuvre mine la confiance dans les institutions.”

La Cour constitutionnelle au centre des pressions

La Cour constitutionnelle, garante de la régularité des décisions politiques et électorales, se retrouve ainsi au centre d’une bataille d’image. Si rien ne prouve qu’elle se laissera influencer, la multiplication de ces messages publics tend à créer un environnement politique pesant, où la justice est sommée de choisir un camp.

Des juristes rappellent que toute tentative d’influence, même symbolique, peut être considérée comme une atteinte à l’indépendance de la justice.
Dans un contexte politique déjà tendu, la prudence s’impose : “Les partis doivent respecter le principe de séparation des pouvoirs”, souligne un constitutionnaliste joint par [nom du média]. “La Cour n’a pas à subir les pressions de la rue ni celles des militants déguisés.”

Une pratique à condamner

Si la démarche du parti LD se confirme, elle s’inscrirait dans une logique de communication politique où la manipulation de l’opinion remplace le débat démocratique.
Les institutions doivent rester au-dessus de ces calculs partisans, et la Cour constitutionnelle, plus que toute autre, mérite d’être préservée de toute forme d’ingérence.

La crédibilité du processus institutionnel repose sur un principe simple : le droit ne se dicte pas, il se dit.