Le Bénin franchit un cap décisif dans la lutte contre le changement climatique. En effet, selon le site d’informations Kaweru, à Washington, en marge des Assemblées de printemps de la Banque mondiale et du FMI, le gouvernement béninois a signé un Mémorandum-Cadre de Collaboration et de Coopération avec plusieurs partenaires internationaux. Et c’est une première en Afrique de l’Ouest. A l’en croire, ce texte marque un tournant dans la stratégie béninoise en matière de financement climatique. Il s’agit du premier accord de ce type coordonné par un pays avec un groupe élargi de partenaires au développement, dont le Groupe de la Banque mondiale (BIRD, IDA, IFC), la Banque africaine de développement (BAD), la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) et le Fonds OPEC. L’objectif est clair : structurer un appui commun pour accélérer les politiques climatiques, favoriser des investissements de grande envergure et générer des emplois durables. Le tout en alignant les outils de financement obligations vertes, financements mixtes, mécanismes liés à l’article 6 de l’Accord de Paris sur les engagements climatiques du pays et ses ambitions de développement à long terme.
Une vision consolidée
Ce Mémorandum s’inscrit dans la continuité de la vision dévoilée à Cotonou lors de la Table ronde sur le financement climatique en juillet 2024, puis approfondie à la COP29 à Bakou. Il s’appuie aussi sur les réformes entreprises dans le cadre du programme de Résilience et de Durabilité signé avec le FMI fin 2023.
Romuald Wadagni, ministre d’État chargé de l’économie et des finances, salue « une étape majeure » :
« Avec le soutien de nos partenaires, nous pouvons renforcer nos institutions, mettre en œuvre des projets à fort impact et ouvrir la voie à un avenir plus vert. »
Les premiers engagements financiers confirment l’ambition du cadre. Le Fonds OPEC a d’ores et déjà annoncé un financement de 30 millions d’euros. L’Union européenne prévoit une contribution de 28 millions d’euros en 2025, avec d’autres financements attendus pour 2026.
Des principes structurants
Au-delà des montants, c’est la méthode qui innove : une matrice commune de politiques climatiques, un soutien budgétaire coordonné, une approche transparente du suivi et de la redevabilité. Le cadre prévoit également le renforcement des capacités institutionnelles pour concevoir et piloter des politiques résilientes, ainsi que l’implication du secteur privé via l’IFC et d’autres instruments.
Marie-Chantal Uwanyiligira, directrice de la Banque mondiale pour le Bénin, souligne :
« Ce mémorandum marque un moment charnière. Il montre l’importance d’une coordination forte entre bailleurs et le leadership d’un gouvernement qui a su fédérer. »
Même enthousiasme du côté de l’IFC. Olivier Buyoya, directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest, évoque un « élargissement décisif des sources de financement » et insiste sur la nécessité de « mobiliser efficacement le secteur privé ».
Une plateforme évolutive
La cérémonie de signature a rassemblé les représentants du gouvernement béninois, les partenaires financiers et des acteurs du secteur privé. Elle marque le démarrage d’une nouvelle phase de mise en œuvre de la Plateforme de Financement Climatique du Bénin. D’autres chantiers sont en cours. Annoncés à Bakou, ils incluent un mécanisme de monétisation du carbone, des instruments de crédit renforcés et des outils innovants pour soutenir à la fois l’adaptation et l’atténuation des effets climatiques. Avec cette initiative, le Bénin se positionne comme un acteur de premier plan dans le financement climatique en Afrique. Il montre qu’il est possible, même pour un pays en développement, d’innover, de fédérer et de proposer un modèle exportable.