Le Parlement tunisien a adopté l’article 59 de la loi de finances, imposant aux banques publiques et privées de régler et de rééchelonner une grande partie des dettes agricoles. Adoptée par 93 voix, cette mesure est présentée comme un soutien urgent au secteur agricole en difficulté.
Le texte cible les créances classées « catégorie 2 » ou plus par la Banque centrale de Tunisie, correspondant aux dettes présentant un risque certain ou aggravé, et concerne l’ensemble de la chaîne agricole : production, services et transformation. Le financement pourra provenir du budget de l’État ou des ressources propres des banques, ce qui pourrait peser sur un secteur financier déjà fragile.
Les remboursements pourront s’étaler sur dix ans, avec une année de grâce, la moitié des intérêts initiaux étant abandonnée et les pénalités de retard annulées. Cette mesure vise à soulager les exploitants endettés, mais soulève des questions sur la soutenabilité pour les banques.
Certaines dettes restent exclues : celles octroyées sans garanties, dont les conditions seront précisées par la Banque centrale, ainsi que celles liées à des procédures judiciaires pour corruption ou blanchiment, sauf décision finale de non-culpabilité.
Cette initiative, conçue comme un répit pour les agriculteurs, transfère cependant une partie du fardeau financier vers le système bancaire et potentiellement le budget public. Reste à voir si ce mécanisme suffira à stabiliser un secteur agricole structurellement fragile et chroniquement sous-financé.


