Le Mali invite l’ONU à repenser sa politique de maintien de la paix en Afrique. Devant ses pairs réunis à Berlin pour une conférence ministérielle des Nations Unies, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a formulé une série de recommandations pour adapter les missions onusiennes aux réalités du terrain. Il propose une refonte axée sur quatre priorités : l’adaptation des mandats aux situations spécifiques, le respect de la souveraineté des États, une concertation permanente avec le pays hôte, et la fin de l’instrumentalisation des droits de l’homme à des fins politiques. S’exprimant sur l’expérience malienne, Diop a qualifié la présence de la MINUSMA, active de 2013 à 2023, d’« expérience malheureuse » n’ayant pas permis de stabiliser le pays. Selon lui, la mission onusienne a montré ses limites face à une guerre asymétrique : « On ne peut pas envoyer une mission de maintien de la paix là où il n’y a pas de paix à maintenir », a-t-il déclaré. Le ministre a dénoncé un mandat trop élargi, focalisé sur des questions politiques et de droits humains, déconnecté des besoins sécuritaires du pays. Il a également critiqué une logique paternaliste dans l’élaboration des résolutions onusiennes, notamment via la règle du « porte-plume ». Abdoulaye Diop a regretté que, dans plusieurs localités, les casques bleus restent inactifs face à des massacres, faute d’un mandat approprié. Il a aussi mis en garde contre la crise de confiance entre les autorités nationales et l’ONU, alimentée par une instrumentalisation politique des droits humains. Enfin, il a souligné l’importance de renforcer les capacités nationales avec des ressources conséquentes : « La mission onusienne recevait 1,3 milliard de dollars par an, alors que l’État malien, lui, n’avait presque rien pour bâtir ses propres forces. »