La Haute Cour de Londres a levé ce jeudi une injonction temporaire qui empêchait la signature d’un accord historique de rétrocession des îles Chagos par le Royaume-Uni à l’Île Maurice. Cette décision judiciaire ouvre ainsi la voie à la mise en œuvre du transfert de souveraineté. Le Premier ministre britannique Keir Starmer devait officialiser cet accord plus tôt dans la journée au cours d’une cérémonie virtuelle avec les autorités mauriciennes. Toutefois, une décision de justice de dernière minute avait momentanément bloqué le processus. Dans sa décision, le juge Chamberlain a estimé que le maintien de l’injonction aurait été contraire à l’intérêt général et aurait nui aux intérêts stratégiques britanniques. « Le maintien de cette mesure serait extrêmement préjudiciable à l’intérêt public et aux intérêts du Royaume-Uni. Cela justifie pleinement sa levée », a-t-il déclaré. L’accord controversé, qui fait l’objet de débats au Royaume-Uni, prévoit que la souveraineté des îles de l’océan Indien soit transférée à Maurice. Il autorise néanmoins la présence militaire conjointe du Royaume-Uni et des États-Unis sur Diego Garcia pour une période initiale de 99 ans. Ce compromis est critiqué par l’opposition britannique, notamment en raison des coûts potentiels et des risques pour la sécurité nationale. Maurice revendique depuis longtemps les îles Chagos, affirmant qu’elles ont été séparées illégalement de son territoire en 1965, à l’époque coloniale. Port-Louis soutient que cette cession, en échange de 3 millions de livres sterling, a été imposée au moment des négociations pour son indépendance. À la fin des années 1960, le Royaume-Uni avait autorisé les États-Unis à installer une base militaire sur l’archipel, ce qui avait entraîné le déplacement forcé de milliers de Chagossiens. Ces dernières années, la communauté internationale a renforcé son soutien à la cause mauricienne. La Cour internationale de justice et l’Assemblée générale des Nations unies ont toutes deux reconnu la légitimité des revendications de Maurice. Des négociations officielles avaient été entamées en 2022 sous un gouvernement conservateur, avant d’être relancées en 2024 par l’administration travailliste actuellement en place.