La tension est à son comble à Nairobi. Des centaines de manifestants ont paralysé jeudi la capitale kényane, dénonçant la mort suspecte d’Albert Ojwang, influenceur et enseignant, décédé en garde à vue après avoir critiqué un haut responsable de la police. Au cœur de la contestation, le nom d’Eliud Lagat, sous-inspecteur général de la police. Les manifestants réclament sa démission immédiate. Drapeaux kenyans en main et pancartes « Arrêtez de nous tuer », ils ont bloqué les rues, contraint les commerces à fermer, et affronté les forces de l’ordre pendant plusieurs heures, entre gaz lacrymogènes et jets de pierres. Albert Ojwang avait été arrêté le week-end dernier après un post critique sur X. Il est mort peu après, dans des circonstances floues, suscitant l’indignation populaire. Si plusieurs agents ont été suspendus, la rue demande plus : des réponses, des sanctions, et la fin de l’impunité. L’Autorité de surveillance de la police (IPOA) a ouvert une enquête, tandis que le président William Ruto a qualifié le drame d’« inacceptable » et exigé une procédure « rapide et crédible ». Mais le scepticisme reste vif. Cette explosion de colère intervient dans un climat déjà tendu, à l’occasion de la présentation du budget national. Presque un an jour pour jour après les émeutes contre la vie chère, les Kényans redescendent dans la rue, cette fois pour crier justice et rappeler que chaque voix, même sur les réseaux, mérite d’être protégée.