Réunis à Malabo pour la 7ᵉ Réunion de coordination semestrielle de l’Union africaine, les chefs d’État et responsables continentaux ont réaffirmé, dimanche 13 juillet, leur volonté d’accélérer l’intégration africaine. En tête des priorités : la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), la transformation locale des ressources et la lutte contre les flux financiers illicites.
Malabo au cœur du panafricanisme
Le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a salué l’accueil de cette réunion à Sipopo, « ville de l’Union africaine », et a rappelé l’engagement de son pays pour les causes panafricaines. La capitale équato-guinéenne a ainsi accueilli chefs d’État, dirigeants des Communautés économiques régionales (CER) et représentants de la Commission de l’UA pour un échange stratégique sur les leviers d’une intégration concrète.
Des ressources immenses, un potentiel à exploiter
Le président de la Commission de l’UA, Mahmoud Ali Youssouf, a rappelé les atouts du continent : plus de la moitié des réserves mondiales de manganèse, 80 % du platine, 47 % du cobalt, mais aussi un important potentiel agricole et énergétique. Il a insisté sur la nécessité de transformer localement les matières premières pour stimuler la croissance et créer de la valeur sur place, citant en exemple la Zambie, le Maroc, l’Éthiopie et le Botswana.
En 2024, l’Afrique a enregistré 52,6 milliards de dollars d’investissements directs étrangers et près de 95 milliards de transferts de sa diaspora, selon la Commission de l’UA.
ZLECAf : une promesse de croissance intra-africaine
La ZLECAf représente l’un des piliers de l’intégration. D’ici 2035, elle pourrait augmenter de plus de 50 % le commerce entre pays africains. Toutefois, la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires reste un défi de taille. Plus de 20 pays participent déjà à l’initiative de commerce guidé, premier jalon concret de sa mise en œuvre.
L’hémorragie des flux illicites et la mobilisation des ressources
Mahmoud Ali Youssouf a tiré la sonnette d’alarme : environ 100 milliards de dollars échappent chaque année aux économies africaines à cause des flux financiers illicites. Il a appelé à une mobilisation accrue des ressources nationales, à l’élargissement des bases fiscales, et à l’utilisation d’outils comme les bons souverains ou les marchés financiers pour renforcer la souveraineté économique du continent.
Réparations et souveraineté économique
Le thème 2025 de l’UA, « Justice pour les Africains et les Afrodescendants par les réparations », a été longuement abordé. Teodoro Obiang a insisté sur le caractère structurel de ces réparations, qu’il qualifie de « nécessité historique » pour la reconstruction et la dignité du continent.
Une diplomatie africaine à unifier
Le président angolais Joao Lourenço, président en exercice de l’Union africaine, a souligné l’importance d’une voix africaine unifiée dans un monde multipolaire. Il a annoncé deux conférences majeures : l’une à Luanda en octobre sur le financement des infrastructures, et l’autre à New York en septembre sur les conflits africains.
Il a également mis en avant le mécanisme tripartite SADC–COMESA–EAC, regroupant 29 pays, 60 % du PIB continental et 800 millions d’habitants, comme modèle d’intégration régionale efficace.
Cap sur l’unité et la souveraineté
Les dirigeants africains ont convenu de poursuivre ces efforts lors de la prochaine réunion semestrielle. Objectif : franchir un cap décisif vers une Afrique plus intégrée, plus autonome et plus influente sur la scène mondiale.