Treize chefs d’État ont participé à un sommet virtuel consacré à la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), alors que l’accord de Washington, destiné à protéger les civils, est remis en cause.

Les dirigeants de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ont tenu cette réunion extraordinaire pour renforcer le processus de médiation africain. Le sommet, coprésidé par le président kenyan William Ruto et le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, a réuni, entre autres, les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame.

Cette rencontre intervient après une escalade des tensions et des accusations entre les protagonistes du conflit. L’Alliance fleuve Congo (AFC/M23) conteste les conclusions du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), qui l’accusent d’avoir tué entre 169 et 319 civils à Rutshuru, au Nord-Kivu, entre le 9 et le 21 juillet. L’AFC/M23 dénonce des allégations « non fondées » et « politiquement motivées ».

De son côté, l’armée congolaise accuse l’AFC/M23 de « massacres ciblés » et d’attaques répétées contre ses positions au Nord et Sud-Kivu, dénonçant une « violation intentionnelle » de l’accord de Washington et de la Déclaration de Doha. Kigali rejette également les accusations concernant la participation des Forces de défense rwandaises aux violences, les qualifiant de « fausses » et sans preuve.

Face à cette situation, le sommet a nommé l’ancien président botswanais Mokgweetsi Masisi au Panel de facilitateurs chargé de guider le processus de résolution du conflit. Les dirigeants ont entériné la fusion des structures EAC-SADC et de l’Union africaine pour créer un mécanisme unifié de médiation, avec un secrétariat technique conjoint dirigé par la Commission de l’UA à Addis-Abeba.

Plusieurs documents-cadres ont été adoptés, incluant les termes de référence du Panel de cinq membres, le processus de médiation inclusive et la structure du secrétariat indépendant de soutien. Le sommet a salué les Accords de Washington 2025 et la Déclaration de Doha 2025, tout en insistant sur leur complémentarité avec le processus africain.

L’AFC/M23 exige le retrait du rapport onusien, des excuses publiques et l’ouverture d’une enquête indépendante, tout en affirmant rester « engagé à protéger les populations civiles ». Dans cette région où le M23 contrôle de vastes territoires depuis 2021, la situation pourrait rapidement dépasser le cadre de l’accord.

Les participants ont mandaté la Commission de l’UA pour mobiliser les ressources nécessaires, y compris l’aide humanitaire, et coordonner avec les initiatives existantes. Ils ont également félicité les présidents Tshisekedi et Kagame pour leur engagement dans le dialogue. Cette réunion s’inscrit dans la continuité des résolutions de l’UA et du Conseil de sécurité de l’ONU adoptées en février 2025.