L’Algérie mise sur la production de batteries lithium-fer-phosphate pour asseoir sa souveraineté énergétique. Mais derrière les annonces officielles, la faisabilité et la crédibilité du projet suscitent des interrogations.

Le groupe public Sonarem a présenté trois chantiers prioritaires : la transformation du phosphate en acide phosphorique, le traitement du lithium et la valorisation du gisement de fer de Ghar Djebilet. Selon les autorités, ces étapes doivent créer une filière industrielle compétitive, ouverte à l’exportation.

Pourtant, des experts pointent les retards structurels qui freinent depuis des décennies la valorisation des ressources nationales. Le gisement de Ghar Djebilet n’a toujours pas dépassé le stade expérimental, faute d’infrastructures et d’investissements significatifs.

L’Algérie espère capter une part du marché mondial des batteries, déjà dominé par la Chine, l’Europe et les États-Unis, qui maîtrisent la chaîne complète, de l’extraction à l’assemblage. Aucun prototype industriel n’a encore été produit sur le territoire.

Les partenariats académiques, notamment avec des universités canadiennes, montrent une volonté de recherche, mais restent théoriques. Faute de feuille de route industrielle claire, de mesures incitatives pour l’investissement privé et de gouvernance transparente, le projet peine à convaincre.

Les promesses de création d’emplois et de croissance reposent pour l’instant sur des annonces sans calendrier précis ni financement garanti. Les observateurs craignent que le lithium ne rejoigne la liste des « mirages industriels » algériens, illustrant l’incapacité chronique du pays à transformer ses ressources naturelles en puissance industrielle réelle.

Si la stratégie reste cantonnée aux communiqués et promesses, l’Algérie risque de manquer une nouvelle fois le tournant de la transition énergétique mondiale.