Pour la première fois depuis plus de deux ans de guerre, le gouvernement de transition soudanais a tenu une réunion complète du Cabinet à Khartoum, présidée par le Premier ministre Kamil Idris. Un signal jugé symbolique du retour progressif des institutions étatiques, selon l’agence officielle SUNA.

Cette initiative intervient après l’annonce des Forces de soutien rapide (FSR) de la création d’un « Conseil présidentiel pour le gouvernement transitoire de paix », une structure parallèle destinée à légitimer leur autorité dans les zones sous leur contrôle. Mais des experts estiment que cette démarche traduit surtout les revers militaires subis par les FSR, désormais repoussées vers le Kordofan et le Darfour.

« Les FSR utilisent cette annonce comme une carte de négociation afin d’être reconnues comme un acteur crédible », explique l’analyste soudanais Jihad Mashamoun, soulignant leur incapacité administrative à gouverner. La communauté internationale, l’Union africaine et la Ligue arabe ont rejeté cette initiative.

Pour la politologue Abiol Lual Deng, le chef des FSR, Mohamed Hamdan Dagalo dit Hemedti, s’inscrit dans une logique de realpolitik, mêlant tactiques inspirées du Sud-Soudan et exploitation de la demande mondiale en or et minerais stratégiques.

Depuis avril 2023, le conflit a fait plus de 20 000 morts et 15 millions de déplacés, selon l’ONU. Malgré leurs revendications, les FSR peinent à maintenir l’ordre dans les zones qu’elles tiennent, marquées par des divisions internes et une absence de services civils.

Certains comparent la situation à la Libye, mais Mashamoun juge improbable une partition durable faute d’appareil administratif et de stratégie économique. Selon lui, deux scénarios restent possibles : un épuisement mutuel des belligérants ou une mobilisation des civils pour organiser des élections internes et refonder un véritable gouvernement.