La situation politique s’est brutalement tendue en Guinée-Bissau. À la veille de la proclamation des résultats de la présidentielle, le président sortant Umaro Sissoco Embaló affirme avoir été arrêté par des militaires. Il assure que le chef d’état-major, le général Biaguê Na Ntan, son adjoint Mamadou Touré et le ministre de l’Intérieur Botché Candé auraient subi le même sort. L’armée, de son côté, garde le silence, alimentant les interrogations sur la réalité des événements.
Ces déclarations interviennent alors que des tirs intenses ont été signalés mercredi matin aux abords du siège de la Commission nationale des élections (CNE) à Bissau, plongeant le quartier dans la panique. Plusieurs habitants ont fui la zone.
Pourtant, le scrutin du 23 novembre avait été salué par la Mission d’observation électorale de la Cédéao comme calme, ordonné et transparent. Dirigée par l’ambassadeur Issufu Baba Braimah Kamara, la mission souligne l’ouverture ponctuelle des bureaux de vote, la disponibilité du matériel et la présence des représentants des partis. Plus de 960 000 électeurs ont voté, encadrés par des forces de sécurité jugées professionnelles.
La tension a monté après que deux camps ont revendiqué prématurément la victoire. Fernando Dias da Costa, candidat indépendant appuyé par le PRS et la Coalition Terra-Ranka, s’est déclaré vainqueur dès le premier tour, estimant avoir dominé dans presque toutes les régions. Le camp d’Embaló a également revendiqué la victoire, créant un climat de rivalité tendue.
La CNE confirme pour sa part la bonne organisation du vote. Son secrétaire exécutif adjoint, Idriça Djaló, parle d’un processus maîtrisé malgré quelques difficultés logistiques rapidement réglées. Il met en avant la forte mobilisation des femmes et des jeunes, signe d’un engagement civique renforcé. La CNE rappelle qu’aucune publication de résultats partiels n’est autorisée avant la proclamation officielle attendue au plus tard le 27 novembre.
Douze candidats étaient en lice, dont l’ancien président José Mário Vaz, l’ex-Premier ministre Baciro Djá et Fernando Dias da Costa.
Alors que la Cédéao salue un scrutin apaisé, les déclarations du président Embaló sur sa supposée arrestation et celle de hauts responsables militaires ouvrent une zone d’incertitude majeure. Le contraste entre les rapports d’observation et la situation sur le terrain fait craindre une crise institutionnelle imminente.


